Qu’en est-il de la première Croisade ?
200 ans. Ou presque. C’est la durée des croisades. Entre 1095, l’Appel de Clermont du Pape Urbain 2, et 1291, la chute de Saint Jean d’Acre, des européens vont conquérir la Terre Sainte et diriger les États latins d’Orient.
La plus importante, la 1ère croisade, commence un an après l’appel du Pape à libérer le tombeau du Christ.
Le 15 août 1096, jour de l’assomption, le Comte Hugues de Vermandois quitte la France en direction de l’Italie. Peu après, ce sera également le cas pour Godefroy de Bouillon, Raymond de Saint Gilles (également appelé Raymond de Toulouse), Bohémond de Tarente… bien d’autres nobles les rejoignent, ils réunissent des troupes et des sommes colossales et partent par la route vers Jérusalem. Car c’est un fait incroyable, mais les premiers croisés, ou pèlerins comme ils se nomment, utilisent pour l’immense majorité les routes et non les voies maritimes.
Les croisés arrivent à Constantinople à l’hiver 1096. L’Empereur de Constantinople, Alexis 1er, impose au croisés un serment de fidélité. En effet, il considère que la Terre Sainte fait légitimement partie de son Empire et que les croisés doivent simplement lui restituer son bien (la Terre Sainte faisait partie de l’Empire Byzantin jusqu’en 638). Il faut attendre que les croisés prêtent serment pour que l’Empereur leur fournisse des vivres et les aides à traverser le Bosphore.
La ville de Nicée fait l’objet d’un premier siège d’importance à partir de mai 1097. C’est la première action militaire des croisés contre les musulmans.
Les Turcs de Nicée font le choix de se rendre et les croisés sont surpris de voir leur reddition. Sans négociation. Ils apprennent alors qu’en secret, les Byzantins ont négocié avec les Turcs. Le drapeau byzantin flotte alors sur Nicée. Cette négociation secrète servira de prétexte aux croisés pour rompre leur serment de fidélité à l’Empereur et s’approprier les futures conquêtes.
Baudouin avec ses troupes se dirige vers Edesse. A l’époque, c’est une ville chrétienne qui a une relative indépendance au milieu de l’Empire Seldjoukide musulman. Le Roi est arménien et la population grecque orthodoxe. D’où des tensions permanentes entre le Roi et ses sujets. La situation change à l’arrivée de Baudouin. Le Roi, sans successeur, lui propose de « l’adopter » afin qu’il devienne le futur souverain d’Edesse au moment du décès du Roi. Baudouin entre donc dans la ville en mars 1097. Et le Roi décède quelques semaines plus tard, bizarrement, d’une mort non naturelle… Baudouin devint Comte d’Edesse.
Au mois d’octobre 1097, c’est au tour d’Antioche de subir un siège et de tomber aux mains de croisés. Peu après le début du siège, les Turcs Seldjoukides à l’extérieur de la ville ont réuni des hommes et se dirigent à cheval vers Antioche pour attaquer les croisés. Ces derniers doivent faire vite. Ils savent qu’une bataille sur deux fronts sera difficilement victorieuse. Les croisés passent alors un accord avec Ferouz, le garde d’une des tours, pour qu’il laisse une porte ouverte et sans surveillance. Les croisés arrivent alors à prendre facilement la cité. Mais peu de temps après, les anciens assiégeurs se retrouvent assiégés. Devant le nombre de Turcs devant la ville et le manque de vivre, l’espoir commence à faiblir. C’est alors qu’un moine du nom de Pierre Barthélémy va faire un rêve. Il y voit un ange de Dieu descendre et lui ordonner de creuser sous le sol de la chapelle pour y trouver la « Sainte Lance ».
C’est un symbole chrétien très important car c’est une des reliques de la Passion du Christ. Elle est considérée comme étant l’arme qui aurait percé le flanc droit de Jésus lors de sa crucifixion (Livre de Jean, 19 ;34). Dès le petit matin, le moine Pierre Barthélémy fouilla et découvrit une lance. Cela redonna un élan de courage aux croisés qui firent ouvrir les portes et combattirent avec succès les Turcs. Tandis qu’une majorité des croisés reprit la route vers Jérusalem, Bohémond décida de rester et devint Prince d’Antioche.
Au printemps 1099, les croisés arrivent en Terre Sainte. Ils souffrent beaucoup de la chaleur et du manque de vivres, d’autant qu’ils s’attendaient à trouver des rivières de lait et de miel. Le courage et la foi les guident. Les victoires s’enchaînent avec la prise de Ramle et de Jaffa. Puis c’est au tour Bethleem. Les croisés stationnent ensuite à Mitzpeh, sur le site de la tombe du prophète Samuel. Ils peuvent enfin apercevoir Jérusalem. De là viendra le nom de Mont Joie (Mons Gaudi) comme cri de joie des pèlerins apercevant la Ville Sainte, c’est à dire Jérusalem.
Le siège de Jérusalem commence avec le chevalier Tancrède qui envoie des hommes au port de Jaffa pour récupérer du bois et fabriquer des engins de siège. On peut voir aujourd’hui le lieu, appelé la tour de Tancrède, d’où il a tenté d’entrer dans la ville. Un prête eu alors une révélation : « nous devrions aller sur les Mont des Oliviers pour demander la rédemption de nos péchés et de là, partir en procession et faire 7 fois le tour de la ville comme les hébreux l’ont fait lors du siège de Jéricho ». C’est ce que firent les croisés, mais sans le résultat escompté….
Les croisés décidèrent d’assiéger la ville et c’est Godefroy de Bouillon qui fit la première brèche dans les remparts, le 15 juillet 1099. Un massacre terrible s’ensuivit. On parle de plusieurs dizaines de milliers de morts. Le chroniqueur Guillaume de Tyr raconte que les chevaux des chevaliers avaient du sang jusqu’aux genoux… Les juifs sont brulés dans leurs synagogues…les musulmans et chrétiens d’Orient de la ville passés au fil de l’épée. Tancrède de son côté se dirige vers le Mont du Temple. En effet, ce n’est pas seulement un lieu saint. C’est aussi un lieu très riche grâce aux impôts et au donations. La mosquée Al Aqsa et le dôme du rocher regorgent de trésors. Tancrède offre la liberté aux musulmans qui se rendent. Beaucoup acceptent. Et se font massacrer après leur reddition.
Des centaines de musulmans se réfugient dans la Tour de David, près de la porte de Jaffa. Ils acceptent de se rendre uniquement contre la promesse de Raymond de Toulouse que leur vie sera épargnée. Promesse tenue et Ils font partis des rares survivants du siège de la ville.
Godefroy de Bouillon est désigné pour devenir le premier souverain de Jérusalem. Il accepte avec une réserve : « Je ne veux pas porter le titre de Roi. Dans la ville où Jésus a porté une couronne d’épines, je ne peux pas porter une couronne d’or ». Il prend donc un titre alternatif et sera « l’Avoué du Saint Sépulcre ».
Il sera souverain à peine 1 an. Godefroy n’a pas d’enfants et c’est son frère Baudouin qui est le premier dans la ligne de succession.
Des délégués arrivent donc à Edesse pour annoncer la triste nouvelle à Baudouin. Et de lui proposer la couronne de Jérusalem. Avec une condition : il ne peut pas être Comte d’Edesse et Roi de Jérusalem. Il doit faire un choix entre les 2. Mais sans précipitation, il a un an pour prendre une décision…. Quelques semaines plus tard, il aura choisi et sera sacré Roi de Jérusalem.
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